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La fin de la solitude

- Benedict Wells 2016 Allemagne

Ce livre retrace 25 années de la vie de trois enfants : Marty, Liz et Jules (le narrateur) qui perdent leurs parents dans un accident de voiture alors qu'ils ont une dizaine d'années. A la suite de cette disparition, les enfants sont séparés et placés dans un internat où chacun "recommence" alors sa vie en réaction à la tragédie qui les a frappée : Liz en mordant frénétiquement dans la vie, Marty en protégeant excessivement la sienne et Jules en se renfermant sur lui même (vie intérieure//vie extérieure).

La fin de la solitude est un récit biographique à la fois émouvant, mélancolique et triste. Comment vivre après la perte d'un proche ? Peut on ou doit on tenter de vivre comme avant ou comme si rien n'était venu troubler le cours du temps? de souvenirs en regrets, de non-dits en apparences, de joies en déception, de trahison en retrouvailles, nous suivons le fil de la vie des 5 personnages principaux qui n'est pas linéaire comme le fil des souvenirs ou celui du temps. Durant toute leur vie, le destin (jeu du hasard) tombera sur eux par surprise, avec ironie.

Pourquoi le destin s'acharne-t-il autant sur eux (trop à mon sens ...)? Pourquoi Jules n'arrive-t-il pas à reprendre confiance en lui pour communiquer et vivre avec les personnes qui lui sont chères, à redevenir celui qu'il était avant...? Si la volonté peut tout, vouloir être heureux suffirait-il? Complexité de la pensée humaine, de la construction de l'image de soi, de ce que l'on pense devoir faire pour les autres, en mémoire des absents et pour nous même.

Ce roman m'a plu et à la fois m'a semblé quelque peu voyeuriste par l'accumulation des malheurs qui plaisent incontestablement aux lecteurs...

Summer - Monica Sabolo 2017

Benjamin est le deuxième et dernier enfant d'une riche famille genevoise : père brillant avocat, mère splendide, grande sœur superbe... une belle maison au bord du lac, de grosses voitures, des vêtements luxueux, des amis cossus, une jeunesse dorée qui se retrouve au club de tennis ou pour des croisières sur leur bateau privé... une fête permanente au bord du lac... une caricature de réussite !

Et pourtant quelque chose ne tourne pas rond... et on le sent tout de suite. On est pris dans la malaise. Pourquoi Benjamin (grain de sable dans une mécanique bien huilée) est-il "invisible" pour ses parents, lui si timide, si en retrait par rapport au reste de la famille qu'il voudrait pourtant aimer et rendre heureux de tout son cœur? Pourquoi Summer, sa grande sœur  est elle si insaisissable, constamment avec des amis dans l'eau, sous l'eau... et cette mère au regard dans le vague mais aux formes voluptueuses indifférente aux besoins de son fils qu'elle ne voit pas... au profit d'un père parfaitement remarquable et remarqué? et un jour d'été, Summer disparait.

Nous suivons Benjamin 25 ans plus tard. Lui qui paraissait avoir "absorbé" la disparition de sa sœur est soudain pris de troubles du comportement, de peurs, de besoins de boire, fumer... un besoin impérieux de comprendre. Avec l'aide d'un psychologue, il comprend  que seuls ses souvenirs lui permettront d'atteindre la vérité sur sa sœur, en particulier des souvenirs enfouis.

Et ces souvenirs, ils remontent comme des bulles dans l'eau tout au long du roman de façon désordonnée, dérangée comme le cerveau de Benjamin et chaque bulle nous apporte une pièce de la vérité comme un puzzle qui se reconstitue. Et ainsi le récit certe psychologique prend aussi une tournure de thriller. Les mensonges tombent au fur et à mesure que les images refoulées reprennent vie dans la mémoires du narrateur.

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce récit c'est que dès les premières pages, j'ai été prise dans le malaise ambiant mêlé au suspens. Tout avait l'air faux, tout sonnait faux, des apparences, une pièce de théâtre où les relations sociales sont fausses, les non-dits nombreux, l'empathie inexistante, la férocité ne demandant qu'à réapparaitre.

Et comme je me suis laissée portée, le malaise et le suspense m'ont amenée avec une intensité dramatique jusqu'aux toutes dernières pages du roman. Alors c'est vrai que parfois les descriptions des eaux du lac, des cheminements de la mémoire sont un peu longs mais il me semble que cela est nécessaire pour créer cette ambiance de grand vide sans chaleur, cette torpeur où nul ne réagit.

 

J'aurais juste préféré peut être moins d'allusions au physique féminin qui parait si primordial.

Ce roman est très original dans ce sens et je le recommande vivement.

Gabriële - Anne et Claire Berest 2017

A compléter

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